Fleurs de printemps: confiance, foi et vulnérabilité en temps de crise

Par Linda Myoki Lehrhaupt, traduction de Emmanuelle Roques

Assise à mon bureau, mon regard se pose sur le vase contenant des branches de prunier et de pêcher en fleurs. Il est posé sur mon autel, devant une grande fenêtre qui donne sur les champs de notre ferme du sud-ouest de la France. Je peux voir que les fleurs commencent à s’ouvrir. C’est extraordinaire. Je n’avais jamais passé le mois de mars ici, et n’avais donc jamais eu l’occasion de voir la terre s’éveiller de l’hiver au début du printemps.

Ce n’est pas seulement l’éclosion des fleurs, mais aussi les oiseaux qui chantent jour et nuit, qui volent de buisson en buisson et d’arbre en arbre. Des nids qui apparaissent partout. Hier, j’ai entendu des grenouilles dans l’étang, commençant bruyamment leur rituel d’accouplement. Ce qui au départ est agréable devient irritant au fil de la journée. J’essaie pourtant de ne pas lutter contre ces sons d’éveil au printemps ; c’est l’appel de la nature, la vie de cette saison.

Le printemps est une promesse de joie, d’espoir et d’inspiration. Ces qualités peuvent être nourries même dans la plus sombre des périodes, comme celle dans laquelle nous nous trouvons. En ce début avril 2022, la guerre continue en Ukraine. Là-bas aussi, le printemps est arrivé, mais avec le renouveau de la vie vient aussi, la mort de milliers de personnes des deux côtés du conflit. Pourtant, le printemps, avec sa forte impulsion vers la vie, reflète des qualités qui, si nous les laissons faire, peuvent nous inspirer en ces temps troublés et menaçants.

La première de ces qualités est la confiance. La confiance s’incarne et s’exprime dans la myriade des fleurs printanières qui répondent à la chaleur du soleil. C’est presque comme si elles disaient : « C’est l’heure », en laissant leurs bourgeons se déployer, sans qu’il n’y ait de seconde chance ou de repli possible. Une fois que les bourgeons commencent à s’ouvrir, ils s’engagent complètement dans ce processus.

La deuxième qualité est la vulnérabilité. L’éclosion de nouvelles pousses et de nouvelles fleurs est entourée d’une grande incertitude. L’année dernière, juste au moment où les pêchers et les pruniers étaient en fleur, un gel sévère s’est abattu sur la campagne. Les fleurs sont mortes et les arbres ont porté peu de fruits cette année-là.

Cette confiance à s’ouvrir avec la chaleur du soleil et cette vulnérabilité au gel sont présentes année après année, millénaire après millénaire, depuis le début de la vie sur terre. Il en va de même pour les vies humaines. Nous vivons avec la vulnérabilité comme tissu de nos vies.

Brené Brown, chercheuse en sciences sociales, a magnifiquement décrit cette qualité de vulnérabilité. Dans une interview avec Krista Tippett, elle dit :

« La vulnérabilité, c’est le courage. C’est consentir à se montrer et à être vu dans notre vie. Je pense que ces moments où nous nous montrons sont les moments les plus puissants de notre vie. Même s’ils ne se passent pas bien, je pense qu’ils définissent qui nous sommes. »

Les fleurs ne savent pas si elles seront baignées d’un soleil radieux ou gelées dans un vent glacial. Nous ne savons pas non plus ce qui va réellement se passer dans le futur, quoi que nous tentions de prévoir. Les choses vont-elles bien se passer ? Allons-nous rencontrer des circonstances difficiles ou des dangers, qui peuvent impacter notre vie d’une manière que nous ne pouvons pas connaître ?

La foi est la troisième qualité du printemps. Sharon Salzburg, auteur du livre Faith: Trusting Your Open Deepest Experience, l’explique de la manière suivante :

« La foi nous permet, malgré nos craintes, de nous rapprocher le plus possible de la vérité du moment présent afin de pouvoir lui offrir pleinement notre cœur avec intégrité.
Nous pouvons et devons souvent espérer, planifier, arranger et essayer. Mais la foi nous permet d’être pleinement engagés, tout en réalisant que nous ne contrôlons pas la situation et qu’aucune stratégie ne pourra jamais nous permettre de maîtriser le déroulement des événements. La foi nous donne la volonté de nous engager dans la vie, c’est-à-dire dans l’inconnu, sans nous y soustraire. »

Sharon parle ensuite de l’origine du mot courage, de son énergie exprimée au printemps comme une force motrice pour donner naissance, fleurir et s’épanouir.

« Le mot anglais courage a la même racine étymologique que le français Kura, qui signifie cœur. Avoir du courage, tout comme avoir la foi, c’est avoir le cœur bien accroché. Avec le courage, nous reconnaissons ouvertement ce que nous ne pouvons pas contrôler, nous faisons des choix judicieux sur ce que nous pouvons influencer et nous avançons sur la terre vierge du moment suivant. »

J’ai été profondément touchée lorsque j’ai lu ce que Sharon a écrit sur le courage : cela m’a rappelé les premières lignes de ce qui est communément appelé la prière de la sérénité, une adaptation d’une prière originale écrite par le théologien américain Reinhold Niebuhr :

« Dieu, accorde-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse de faire la différence. »

J’ai vu cette citation pour la première fois sur une petite affichette en bois dans la chambre de ma mère, il y a environ 46 ans. Après l’avoir lue, je me suis demandé ce que maman faisait de ça. Nous n’étions pas un foyer religieux. Mais quand j’y repense maintenant, la clarté, le cœur et le courage de cette citation me font monter les larmes aux yeux.

Ma mère mourait alors d’un cancer, à l’âge de 62 ans. J’étais une jeune femme fougueuse de 26 ans déterminée à la sauver. J’avais exploré toutes sortes de possibilités de traitement et restais éveillée nuit après nuit pour faire des recherches. J’ai même voulu mettre maman dans un avion pour le Japon parce que j’avais lu des articles sur une méthode qui semblait porteuse d’espoir pour les patientes atteintes d’un cancer du sein.

Et à chaque fois que je proposais quelque chose, ma mère me disait avec douceur : « Non, ma chérie. Je fais ce que dit le médecin. C’est suffisant. Je suis d’accord avec ça. »

Elle était sereine avec son choix.

Pas moi. J’avais peur, très peur, et je ne voulais pas perdre ma mère, ce qui est pourtant arrivé deux ans plus tard.

A cette époque, je ne comprenais pas que ce qui, chez ma mère, me semblait être de la crainte ou de la capitulation était en fait du vrai courage. De mon côté, je pensais être courageuse et ne voyais pas que c’était de la bravade face à ce que je pensais être une défaite.

L’histoire d’un ancien maître zen, élève de Guishan Lingyou, exprime pour moi ces qualités de foi, de vulnérabilité et de confiance.

Lingyun Zhiqin (Reiun Shigon) pratiquait le zen depuis trente ans. Un jour, alors qu’il marchait dans les montagnes, il s’est arrêté et ses yeux se sont posés sur des pêchers. C’est à ce moment-là, dit-il, qu’il a fait l’expérience d’une profonde réalisation.

En remerciement, il a écrit le poème suivant qu’il a donné à Guishan :

« Depuis trente ans que je cherche l’épée, combien de fois les feuilles sont-elles tombées et combien de fois les branches ont-elles repoussé ? Depuis que j’ai vu les fleurs de pêcher jusqu’à aujourd’hui, je n’ai plus jamais eu de doutes. »

Okumura Roshi, un maître zen contemporain et élève de Dogen explique que Lingyun fait référence à l’histoire d’un homme qui avait perdu son épée alors qu’il était à bord d’un bateau et qui avait fait une encoche sur le côté du bateau. Lorsqu’on lui avait demandé pourquoi il avait fait cette marque, l’homme avait répondu qu’il la chercherait lorsqu’il aurait atteint la terre ferme.

Lingyun cherchait depuis trente ans, mais « il ne réalisait pas », dit Okumara, « que la Voie était juste là où il marchait, là où les fleurs s’épanouissaient, les feuilles tombaient, les branches poussaient et les nouvelles feuilles apparaissaient. »

Cela aurait pu être moi qui ai écrit les mots de Lingyun. J’ai commencé à pratiquer le zen quelques mois après la mort de ma mère. J’y ai été initiée par le livre de Peter Matthiessen, Le léopard des neiges, l’histoire de son voyage dans l’Himalaya avec le biologiste George Schaller pour étudier le mouton bleu et peut-être apercevoir un léopard des neiges, un animal que l’on voit très rarement, même aujourd’hui. Pendant de nombreuses années, j’ai moi aussi cherché, lutté et combattu pour trouver mon chemin parmi des paysages sombres et accidentés à la recherche de mon propre but insaisissable. Combien de fois ai-je vu comment les feuilles tombent et les branches des arbres se cassent ? Combien de fois ai-je vu le printemps et l’été, l’hiver et l’automne, se déployer puis, cesser ?

Lingyun dit que lorsqu’il a vu les fleurs de pêcher, il n’eut plus de doute. De quel genre de doute parle-t-il ? Était-ce le genre de doute qui me harcelait lorsque je faisais tout mon possible et que ma mère mourait quand même ? Était-ce le doute qui continuait à me ramener au centre de méditation malgré la douleur physique et la course de l’esprit sur le coussin, parce que c’était l’un des seuls endroits où je me sentais chez moi ?

J’écris ces mots au début du mois d’avril 2022. Dans toute l’Europe, la guerre entre l’Ukraine et la Russie suscite un désespoir et une peur immenses. Les Européens éprouvent un sentiment de vulnérabilité qu’ils n’ont pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Si l’on prend l’exemple de l’Allemagne, où j’ai également vécu pendant plus de 40 ans, des chercheurs ont récemment réalisé une enquête qui a montré que seuls 16 % de la population garde espoir en l’avenir. Il s’agit du chiffre le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale.           

En réponse à la crise ukrainienne, l’Allemagne est passée de la réduction des effectifs de son armée à l’attribution de 100 milliards d’euros pour reconstruire son armée, avec le soutien des Verts, connus jusqu’ici pour leur appel à la démilitarisation. De plus, l’Allemagne, qui avait jusqu’alors fermé ses réacteurs nucléaires, parle de les remettre en marche (l’Allemagne dépend à 45% de la Russie pour son pétrole et son gaz, et les prix ont explosé à des niveaux choquants). Je ne prétends pas savoir ce qu’il convient de faire. Mais les réactions réflexes motivées par la peur ne peuvent que créer davantage de peur et entraîner une spirale vers le bas.

Dans le même temps, on assiste à un immense élan de solidarité et d’entraide dans toute l’Europe. Nous vivons l’une des plus grandes manifestations de solidarité de l’histoire de l’Europe. Des citoyens de tous pays se rendent en voiture à la frontière ukrainienne pour offrir aux gens une aide humanitaire, un foyer et un refuge. Mon voisin en Allemagne propose une maison qu’il prévoyait de rénover à trente Ukrainiens jusqu’à ce qu’ils trouvent un logement permanent. En Pologne, une fondation créée par feu la maître zen Malgosia Braunek Roshi recueille des dons et achète du matériel médical pour les envoyer aux hôpitaux d’Ukraine. Ce ne sont que deux exemples parmi des milliers de personnes et d’organisations qui ouvrent leurs bras pour offrir un abri.

En même temps, la peur est grande de ce qui pourrait arriver si la Russie décidait d’utiliser la force nucléaire pour mettre les Ukrainiens à genoux. Lorsque j’ai entendu parler de ça dans les médias, le souvenir viscéral de ma propre expérience lors la catastrophe nucléaire de la fusion partielle du réacteur de Three Mile Island en Pennsylvanie en 1979 m’est revenu. La centrale se trouvait à moins de 160 km de mon lieu de résidence à New York. Je me souviens que j’étais dans un bureau au 24e étage du Time-Life Building. Une partie de moi voulait sortir en courant, prendre ma fille et aller au Canada. Mais une autre partie savait que cela n’aurait servi à rien, surtout si le vent soufflait dans cette direction. « Que dois-je faire ? » n’arrêtais-je pas de me demander.

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à vivre avec la même peur. Que faire ? Cela évolue vers une question d’introspection encore plus profonde : « Que faire quand nous ne savons pas quoi faire ? » 

Les trois principes de l’ordre Zen Peacemaker, énoncés pour la première fois par Bernie Glassman Roshi, fournissent un cadre pour explorer cette question avec intégrité et cœur. Il écrit :

« Il y a trois principes de base dans l’ordre Zen Peacemaker. Le premier est de ne pas savoir–être dans un état de non-savoir, en laissant tomber les idées fixes. Le second est d’être témoin, de s’immerger totalement dans les situations dans lesquelles on est impliqué. Et le troisième est guérir soi-même et les autres, à partir des ingrédients qui se dégagent du fait d’être témoin. »

Wendy Egyoku Roshi, qui a reçu la transmission du dharma de Glassman Roshi et qui est l’enseignant principal et le prêtre du Centre Zen de Los Angeles, décrit l’observation de cette façon :

« … Être témoin permet d’expérimenter la connexion à notre vie intime, et pratiquer ainsi l’écoute sans jugement. La qualité clé ici est le non-jugement : nous n’évaluons pas, ne choisissons pas et ne cédons pas à nos idées fixes, mais sommes plutôt ouverts et dans l’apprentissage. À chaque instant, nous nous arrêtons intentionnellement et acceptons sans jugement tout ce qui se présente. Nous reconnaissons et acceptons profondément la multitude de facettes de toute situation donnée. De cette façon, nous sommes en relation intime avec les joies et les souffrances d’autrui.                   

Lorsque nous pouvons regarder avec les yeux de Lingyun, lorsque nous pouvons ressentir le courage dont parle Brené Brown, lorsque nous pouvons incarner la foi dont parle Sharon Salzburg, qui consiste à accepter ce qui est là, nous sommes témoins et incarnons une confiance qui n’est pas conditionnelle. Mais sachez que je ne suggère en aucun cas que c’est facile, et ce n’est certainement pas quelque chose que l’on accomplit simplement en en parlant. Je pratique le zen depuis 43 ans et, comme l’a dit l’un de mes frères du dharma, il y a de nombreuses années, « je commence à peine à y prendre goût ».

La pratique de Zazen (méditation assise dans le Zen) est l’incarnation de cette existence de témoin. Zazen sur le coussin et zazen quand nous marchons, respirons, sentons, goûtons, touchons dans notre vie quotidienne. Roshi Joan Halifax, fondatrice du Centre Zen Upaya, écrit que la pratique : 

« … c’est être pleinement avec les choses telles qu’elles sont. Ne se détourner de rien, ce que Roshi Bernie appelle : être témoin. Être minutieux en toutes choses dans notre vie, jour après jour, instant après instant. Être fondamentalement ce que nous faisons, et nous reposer précisément, chaleureusement et simplement dans le champ inclusif de la conscience à mesure que chaque moment se déroule. Libre comme un nuage, coulant comme l’eau, immobile et droit comme une montagne. »

Il est facile de se laisser emporter par la peur et la colère. Je le sais d’expérience. Récemment, il s’est passé quelque chose qui m’a beaucoup perturbé, en particulier mon sens de la justice. J’étais en colère. J’avais peur. Je voulais des représailles. Mais plutôt que de rejeter cette colère vers l’extérieur, ce qui n’était pas approprié dans ce cas, j’ai choisi d’être avec la douleur et de la laisser me traverser.               

Ce n’était pas facile, mais le fait de m’exercer à être témoin de cette manière m’a aidé à reconnaître ma propre douleur et m’a vraiment aidé à surmonter la situation et à agir de manière responsable.

J’ai entendu dire que certains des meilleurs médiateurs sont des Quakers. « Ils travaillent dans des endroits profondément troublés du monde depuis plus de trois siècle », dit Stephen Mehta, « de la colonisation de l’Amérique du Nord, en passant par la guerre d’indépendance américaine et la guerre de Crimée, jusqu’à la guerre civile nigériane, l’indépendance du Zimbabwe et les conflits qui font aujourd’hui la une des journaux. Leur travail se déroule en grande partie dans les coulisses, souvent sans aucune publicité. »           

Ils sont capables de saisir la complexité des parties en conflit. J’ai récemment entendu l’un d’entre eux dire combien il était important de ne pas prendre parti, sinon personne ne lui ferait confiance, alors même que chaque partie essaie de le rallier à sa cause. Ils écoutent profondément et l’action qui en découle peut être curative, ne serait-ce que pour prolonger un cessez-le-feu. Je crois que leur façon de résoudre les conflits comprend les aspects de confiance, de témoin et d’espoir dont j’ai parlé. Elle offre un espace en présence d’une tension qui ne faiblit pas.           

C’est en me libérant de mon propre objectif pour convaincre ma mère de « faire quelque chose » que s’est finalement ouvert un espace de paix et d’amour où ma propre guérison a eu lieu, même si ma mère est morte. Le déjeuner était arrivé dans sa chambre d’hôpital, mais tout ce qu’elle pouvait manger était de la compote de pommes. Pendant deux heures, j’ai soulevé la cuillère encore et encore pour l’approcher de sa bouche. Chaque fois qu’elle me permettait de la nourrir, j’avais l’impression de recevoir une bénédiction. Les intervalles entre ses bouchées s’étendaient sur de longues minutes, et la vie ralentissait à son rythme. J’avais perdu toute notion du temps. Et en même temps, j’avais perdu toute ambition. La situation me demandait d’être présente, d’être la porteuse de la cuillère. Rien de plus. Chaque bouchée était une expression de confiance, de foi et de témoin. C’était un amour sans limite qui demandait d’être sensible à ses besoins. J’ai ressenti une paix profonde qui, jusque-là, m’avait échappé.

Quand je parle de foi, je ne parle pas de foi aveugle. Il ne s’agit pas de détourner le regard et de prétendre que tout va bien se passer. C’est la foi qui s’exprime par une présence totale, sans ambition, ni objectif. C’est être témoin : regarder, voir, entendre, toucher, goûter, sentir, en faisant écho aux mots du Soutra du cœur, l’enseignement de la grande libération. Et c’est faire confiance, tendre la main aux réfugiés ukrainiens qui traversent la frontière, aux soldats qui portent des enfants dans leurs bras. Prendre soin de ce qui doit être fait, étape par étape, cuillère par cuillère.      

Les commentaires sont les bienvenus ci-dessous. N’hésitez pas non plus si vous le souhaitez à me contacter. Je ferai de mon mieux pour vous répondre dès que possible : LindaLehrhaupt at aol.com

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