Apaiser ses afflictions avec les sens

Les observations scientifiques montrent que la reconnexion avec les facultés sensorielles au moyen de la pleine conscience permet d’améliorer son état psychique et/ou physique. C’est ce que montre Jon Kabat-Zinn dans L’éveil des sens, et ce que de manière plus subjective nous expérimentons dans les retraites et programmes MBSR que nous avons menés au cours de ces quinze dernières années. Il semble évident que l’expérience sensorielle et le plaisir que nous en tirons joue un rôle essentiel pour de nombreux participants dans la gestion de leurs afflictions.

Les afflictions peuvent être physiques, émotionnelles ou mentales, et elles ont tendance à nous replier sur nous-mêmes, faisant lentement disparaître le monde extérieur. J’ai pu le constater à plusieurs reprises lorsque des personnes atteintes de maladies graves et évolutives participaient à nos programmes MBSR.

Les méthodes que j’ai alors proposées, avec le soutien important de la psychologue avec laquelle j’intervenais en soins palliatifs, portaient sur la notion de sensorialité et de plaisir. En effet, avec les sens nous évoluons au cœur de l’expérience dans l’instant présent. C’est une expérience immédiate qui ne peut pas être étalée dans le temps ni contrôlée par la volonté.

Même à l’époque où j’intervenais dans les chambres stériles en hématologie, nous avons constaté, avec l’équipe, que la capacité à se reconnecter aux sens était un facteur de résilience. Il s’agit d’une méthode très simple. Cependant, elle comporte un obstacle majeur: pour se tourner vers ses sens et notamment vers une expérience agréable, il faut accepter de se détourner un instant de ce qui nous inquiète ou nous effraie. C’est une prise de risque lorsque tout notre être appelle au secours face à un danger.

L’une des plus belles expériences a eu lieu lors d’une retraite silencieuse axée sur les sens. Une personne ayant vécu un deuil terrible avec la perte de son enfant est venue me voir à la fin, évoquant le fait que cette retraite avait été éprouvante, mais qu’en même temps, pour la première fois, elle avait retrouvé le « sens de la vie ».

À Euthymia, nous n’aimons pas faire de promesses toutes faites, et il serait équitable de dire que parfois, ces pratiques de résilience ne se passent pas comme prévu et n’ont pas l’effet souhaité. Il est difficile de savoir pourquoi, dans certaines situations, les pratiques axées sur les sens ont un effet résilient plus marqué que dans d’autres.

Nos programmes se perfectionnent grâce au suivi individuel, aux petits groupes dans les programmes en ligne sur cinq ou six semaines, ainsi qu’aux retraites silencieuses que nous organisons.