L’acceptation

Quand le vagabondage mental atteint son apogée face à un sentiment de menace ou d’affliction, j’oscille entre la résignation, la soumission à la colère ou à l’impuissance, ou encore la révolte. Une autre solution, peut-être la pire, est l’internalisation de ce sentiment de colère ou d’amertume. En s’incrustant en nous, cette expérience à long terme nous prive de la joie. On sait aujourd’hui qu’elle est également un vecteur de troubles émotionnels importants.

La méditation de pleine conscience et les exercices de pleine conscience en général se sont révélés particulièrement utiles pour faire face à l’évitement, terme technique désignant ce processus. L’évitement ne consiste pas simplement à penser à Paul pour ne plus penser à Jacques. Il s’agit d’une stratégie globale de comportements visant à ne plus ressentir l’affliction. Cette désensibilisation, c’est l’évitement, car elle met en sommeil des parties entières de notre être, un peu comme les champs contaminés de Tchernobyl.

L’acceptation est le processus radicalement opposé. Il s’agit de se familiariser avec ces parties de notre être. On fait appel à la pleine conscience, car ce qui nous intéresse, ce n’est pas l’histoire de la situation, mais son ressenti. On se familiarise avec les pensées, les sensations, les émotions. En devenant explorateurs de ce qui compose l’expérience, nous sommes moins conditionnés par elle. Un moine bouddhiste dirait que cette affliction devient moins puissante, moins active, comme si elle perdait de son emprise. Parfois, c’est difficile, car nous sommes attachés à notre histoire ou à notre souffrance. Pourtant, il ne s’agit pas de faire disparaître, et encore moins d’oublier son histoire, mais de s’y connecter de manière plus directe. Ni dans le déni, ni dans la surimposition.

Nous ne nous positionnons pas en tant que psychothérapeutes, mais en tant qu’enseignants de méditation. Euthymia ne développe pas de programmes thérapeutiques, bien que nous travaillions depuis longtemps avec des psychothérapeutes et psychiatres, mais des programmes d’entraînement de l’attention. Nous avons tous besoin de l’acceptation, c’est une vertu importante pour notre équilibre personnel, même si nous ne sommes pas en thérapie. Apprivoiser les expériences difficiles de la vie est une aptitude essentielle pour vivre pleinement. Toute l’énergie que l’on n’utilise pas pour fuir la réalité est mise au service de la vie.

Nos accompagnements individuels et nos programmes de groupe visent à cultiver cet équilibre.