Se centrer grâce au corps
Nous avons tous fait l’expérience du vagabondage mental. L’esprit ne reste pas en place et s’agite, rumine. On associe souvent le vagabondage mental à la créativité, mais ce sont pourtant deux processus de l’attention bien distincts. Le vagabondage mental est un état qui surgit face à des problèmes rencontrés et met en lumière d’autres problèmes provenant du passé ou potentiellement à venir. Il y a donc un effet de boucle entre le passé et le futur. Puis il y a un effet de prolifération, comme si l’attention prenait goût à se positionner sur les problèmes, un peu comme lorsque l’on prend l’habitude de mettre trop de sel dans les aliments, on ajoute du sel avant même d’avoir goûté. Le vagabondage sur-stimule le système de vigilance et engendre de l’insécurité. Par exemple, lorsqu’il fait beau, on regarde le ciel et on se demande : “Il fait beau, mais est-ce que cela va durer ?”
On dit parfois que la méditation diminue la créativité parce qu’elle diminue le vagabondage mental. Mais c’est faux. La méditation a pour principe, en tous cas celle de la pleine conscience, de développer une vigilance sur ce qui est nouveau dans le contexte, sur ce qui change en soi et autour de soi. C’est une invitation à ne pas être déterminé par nos croyances, mais au contraire à percevoir le monde avec un regard neuf.
Un esprit focalisé en pleine conscience n’est pas un esprit rigide. Bien évidemment, au départ, il faut l’apprivoiser. Dans nos accompagnements en groupe ou individuel, nous avons l’habitude de privilégier une progression. Nous demandons d’abord à nos participants de se familiariser avec une attention vive et claire sur l’instant présent à travers un ensemble de méthodes. Puis nous les sensibilisons au fait que cette stabilité n’est pas figée, mais se développe dans le mouvement. Voilà pourquoi les mouvements en conscience sont une bonne pédagogie.
Un exemple de stabilité est celui de l’ancre d’un bateau. L’océan est la conscience, le bateau est le sujet méditant, l’ancre est le souffle. L’océan est plus ou moins en mouvement, mais l’ancre de l’attention évite au bateau de partir à la dérive.