Par Stéphane Faure
J’ai commencé à enseigner le programme MBSR en 2010; 12 années d’expérience me permettent donc d’évaluer l’évolution de la pleine conscience en milieu hospitalier.
A l’époque, la pleine conscience m’apparaissait comme un moyen simple et efficace de partager de manière authentique mon expérience de méditation. L’idée qu’en s’entraînant par des méthodes basées sur l’attention, une personne pouvait retrouver de la liberté, de l’autonomie dans son être, et une relation au monde plus enrichissante me plaisait. Dans mon parcours d’enseignant bouddhiste, j’ai en effet croisé beaucoup de personnes qui aspirent à aller mieux, sans forcément s’engager dans une voie spirituelle. Inversement, des personnes engagées dans une approche spirituelle passent parfois à côté de méthodes très simples pour simplement aller mieux.
Face aux difficultés de la vie, comment retrouver son centre sans se replier sur soi ? Quand tout s’effondre comment avoir du recul et retrouver de l’espace ? A défaut de « solutions », le programme MBSR donne des méthodes pour y parvenir, et c’est tout naturellement que des praticiens de santé et des patients se sont tournés vers ces méthodes, d’autant plus que je me sens à l’aise dans ce milieu et j’ai toujours souhaité apporter ma contribution à une amélioration des conditions de travail et de prise en charge dans le milieu hospitalier.
L’intérêt des soignants et des patients a conduit les institutions à accueillir peu à peu cette démarche en leur sein. Les études qui ont entouré ces méthodes sont sans égales dans d’autres disciplines et couvre des champs aussi différents que la physiologie, les neurosciences ou la psychiatrie.
Le public soignant et les patients se sont très vites emparé de ces méthodes. Peu à peu les institutions les ont suivi, rassurées par l’impact des programmes et par les études encourageantes les accompagnant.
L’intérêt des infirmières et psychologues au début des années 2010
J’ai commencé les programmes MBSR à Bordeaux, au Pays Basque et en Dordogne. L’intérêt des professions soignantes a été immédiat. C’était d’abord un intérêt personnel. Beaucoup d’infirmières et de psychologues voyaient dans la pleine conscience un moyen d’améliorer leur qualité de présence à l’autre.
Les conditions de travail étaient déjà difficiles, il était pourtant compliqué d’admettre que le bien être du soignant était aussi important que celui du patient.
La pleine conscience a été un des éléments qui a fait évoluer cette thématique au début des années 2010.
Dérives sectaires et méditation
Je me souviens intervenir auprès des patients encadrés par l’équipe des soins palliatifs du Centre Hospitalier de la Côte basque. Dans le bureau du staff de l’équipe, il y avait une affiche d’une revue médicale. Un médecin était en posture de méditation, avec le slogan: Attention aux sectes !
Toutefois, à aucun moment, la pleine conscience n’a eu, à cette époque, de problèmes pour se développer par rapport aux craintes des dérives sectaires. Les retours d’expérience des personnes en formation étaient suffisamment clairs et positifs pour que cette question ne se soit jamais posée. Les programmes de pleine conscience donnent une grande autonomie aux participants et aux apprenants, ce qui limite grandement les risques d’emprise et de dérive.
La méditation de pleine conscience : formation ou thérapie ?
Ce qui posait et pose encore parfois question, c’est l’identité même des programmes de pleine conscience dans le champ professionnel, que ce soit dans l’expérience des personnes ou des institutions.
La plupart des soignants voient dans la pleine conscience un moyen de prendre de la distance, de poser son attention sur soi ou sur l’autre, d’améliorer ses habitudes de vie. Certains considèrent toutefois cette approche comme quelque chose de complétement personnel. Certains témoignages de soignants montrent que la frontière avec la thérapie ou la spiritualité est parfois poreuse.
Il est ainsi arrivé qu’une thérapeute propose le programme MBCT au service formation d’un centre hospitalier et d’une clinique mais que la pleine conscience soit considérée comme une thérapie et non comme une formation.
De plus, il n’était pas toujours évident de faire ressortir de manière tangible et vérifiable en quoi la pleine conscience améliore la qualité du travail du personnel soignant.
Les études étaient le plus souvent américaines ou anglaises. Il a fallu attendre plusieurs années avant de voir les résultats en France apparaitre.
La structuration des formations en milieu hospitalier
La demande des formations en institution pour le personnel s’est donc construite avec le fait que la pleine conscience était de plus en plus commune pour les patients. Progressivement, la demande est venue des psychologues, des infirmières et des aides-soignantes, puis un programme a été adapté pour les médecins.
L’intention du programme de pleine conscience
Clarifier l’intention du programme de pleine conscience permet de savoir que l’on est bien dans un contexte de formation ou un contexte thérapeutique.
La pleine conscience apporte un certain nombre de compétences basées sur l’attention. La personne s’approprie ces méthodes et gagne en autonomie avec l’aide d’un groupe et de l’accompagnement de l’enseignant.
Nous avons ainsi créé un programme pour Santé Service Bayonne destiné à aider le personnel intervenant chez les patients à domicile : les aides-soignantes et infirmières ont bénéficié de ce programme basé sur l’attention.
Bien que le programme ait eu de grands bienfaits, nous avons pu voir la nécessité de sensibiliser en amont les managers sur le fait que la participation à ces formations devait se faire sur la base d’un consentement et d’une information préalable.
L’intention du programme devait être claire pour toutes les parties prenantes : les soignants et les cadre. Il était destiné à acquérir des méthodes pour gérer les tensions liée à un travail demandant au domicile du patient. Il devait être mené sur la base d’une demande de l’apprenant.
J’ai eu quelques situations où des personnes étaient envoyées d’office suivre une formation de pleine conscience en institution, sans avoir d’informations suffisantes ni sur la base d’une volonté claire de suivre le programme. Le « c’est ma hiérarchie qui m’a demandé de faire le programme ! » ne donne pas de bons résultats.
Quel programme de pleine conscience pour le personnel soignant, pour quel résultat ?
Le programme en six séances pour le personnel hospitalier comprend une emphase importante sur la communication consciente. Il s’agit principalement de la méthode proposée par le Presencing Institute et de la communication assertive présentée dans le programme MBSR par Jon Kabat Zinn. Une séance est dédiée à la capacité de retrouver de l’énergie et d’être conscient de ses limites. J’ai eu l’occasion de développer ce programme en hôpital et en clinique à Bordeaux, au Pays Basque et en Dordogne.
Pour les praticiens, l’usage est à la fois personnel, mais également de pouvoir orienter les patients potentiellement intéressés par des méthodes de soins intégratifs et complémentaires. La mise en place de ce programme au CHU de Bordeaux a également permis des réflexions sur des projets de recherche.
Le programme adapté pour le corps médical depuis 2016 m’a été commandité par la commission formation des médecins du CHU. Il s’agit d’un programme de 6 semaines sur l’attention. Ce programme, proposé à l’hôpital deux fois par an, a permis à ce jour de former 130 médecins du CHU.
Sous la direction des Drs Marion Barrault et Marie Floccia, nous avons pu évaluer les effets des programmes de pleine conscience adressés au praticiens médecins du CHU de Bordeaux, programmes menés entre 2016 et 2019. Les premiers résultats montraient un impact sur la capacité du praticien à récupérer de la fatigue, à prendre du recul sur les émotions au sein des équipes et à améliorer la qualité de ses prises de décision.
Les interventions auprès des patients
En 2011, nous avons avec le Dr Araujo et la psychologue Patricia Gipoulou proposé le programme MBSR pour des personnes atteintes de leucémie au CH de la Côte Basque. L’objet de l’étude était de voir si le programme avait un effet sur le bien être des participants.
Le programme MBSR pour les patients
L’étude était encourageante et nous a conduit à monter un programme d’intervention auprès des patients en chambre stérile en lien avec l’association Leucémie Pays Basque.
De plus nous avons adapté le programme MBSR pour des personnes atteintes de maladies graves et évolutives afin de le rendre accessible aux patients en hôpital de jour. L’adaptation portait surtout sur les mouvements en conscience. Difficile de faire du yoga avec un déambulateur… Le Centre Hospitalier de la Côte de Basque nous a mis à disposition des locaux et une association de patients a vu le jour pour maintenir un réseau de pratiques et permettre à d’autres de continuer les programmes.
En 2015 avec le soutien de la fondation Bergonié, un projet de recherche et de développement est lancé dans le centre anti cancéreux Bergonié de Bordeaux sous la direction de recherche de Marion Barrault.
Après le programme le MBSR
A cette époque nous avons organisé des journées de pratiques où soignants et patients étaient présents en tant que pratiquants de pleine conscience. Nous avons conduit de cette façon des explorations intéressantes autour du théâtre et de la pleine conscience avec une plongée dans les émotions. Cet exercice fut libérateur pour beaucoup et permis de prendre du recul, de rire des difficultés. Cela a donné une grande joie à tout le monde. Cela a surtout montré que les programmes mélangeant patients et soignants étaient possibles.
Le programme MBSR en ligne
Durant le confinement, nous avons conduit plusieurs programmes à distance pour les patients de Bergonié. Stéphane Offort, notre spécialiste Euthymia des interventions à distance, a conduit ces programmes avec Marion. Marion continue à ce jour de proposer des programmes pour les patients en présentiel et s’est elle-même formée avec Euthymia pour enseigner le programme MBSR.
Former des enseignants
Plusieurs praticiens, soignants ou psychologues ont souhaité se former à la pleine conscience dés 2017. Nous avons offert un parcours de formation pour devenir instructeurs de pleine conscience avec le plus ancien centre de formation d’Europe situé en Allemagne, l’IMA (Institute for Mindfulness Based Approaches). Cet organisme se base sur une expérience de plus de 18 ans, avec des enseignants senior venu de toute l’Europe. Nous proposons ainsi un cursus de formation de qualité, adapté aux critères internationaux des cursus d’enseignant MBSR et adapté également aux européens.
Nous avons également proposé une formation aux professionnels de santé qui permettait d’enseigner la pleine conscience dans leur cadre professionnel, en adaptant les méthodes et le programmes à un public spécifique.
Ainsi, de Toulouse à Compiègne en passant par Bordeaux et Paris, des interventions de pleine conscience se sont développées à travers nos formations, pour les patients et le personnel de santé.
L’établissement de l’IMIC au sein du CHU de Bordeaux
Pendant ce temps, au CHU de Bordeaux, se développait un service dédié spécifiquement à la médecine intégrative et complémentaire : l’institut de Médecine Intégrative et Complémentaire (IMIC). Ce service hospitalier est dédié à la méditation de pleine conscience pour le personnel hospitalier et les patients, ainsi qu’à l’hypnose clinique et thérapeutique.
En ayant formé plusieurs personnes à la pleine conscience, Euthymia a eu et a toujours un rôle dans le développement de l’IMIC dans son versant mindfulness.
C’est ainsi que se développe actuellement des programmes de pleine conscience enseignés par des médecins ou des professeurs. On citera par exemple un programme de pleine conscience adapté à l’intention des personnes atteintes de Parkinson qui fait l’objet d’étude sur son impact auprès des patients.
En 2015, les premiers médecins du CHU de Bordeaux sont venus se former au MBSR avec Euthymia (le Dr Marie Floccia, gériatre, actuelle cheffe du service douleur et médecine intégrative, le Pr Francois Tison, neurologue, actuel responsable de l’Institut de Médecine Intégrative et Complémentaire et le Dr Myriam Cadenne, rhumatologue). Puis, à l’initiative du Pr François Tison et du service de neurologie clinique, j’ai formé une partie du personnel pour se sensibiliser aux méthodes de pleine conscience, tant pour le personnel que pour une introduction des pratiques de pleine conscience en milieu clinique auprès des patients atteints de Parkinson.
J’ai eu ensuite la chance d’accompagner avec ces médecins méditants du CHU la création d’un groupe où j’interviens toujours régulièrement : les Mindful Doctors, qui se réunit mensuellement pour pratiquer et qui propose weekend de pratique par an.
Enfin, un colloque annuel de méditation regroupant chaque année environ 300 participants a débuté en 2018, j’y suis intervenu régulièrement en plénière ou en atelier.
Une dynamique émergeait et plusieurs praticiens se sont formés avec Euthymia ou avec l’ADM, pour devenir instructeur MBSR (programme de reduction du stress par la pleine conscience) ou pour proposer des programmes basés sur la compassion, MBCL. D’autres ont suivi un parcours spécifiques pour enseigner la pleine conscience dans leur cadre socio-professionnel.
Une équipe s’est progressivement retrouvée autour de la médecine intégrative et complémentaire qui, dans un premier temps, regroupait 2 méthodes : l’hypnose clinique et thérapeutique (depuis longtemps utilisée au CHU de Bordeaux) et la méditation de pleine conscience.
Des méthodes pour le personnel soignant dispensé par des praticiens formés à la pleine conscience
Initialement les programmes de méditation dispensés par les instructeurs étaient dédiés au personnel hospitalier afin de renforcer la qualité de vie au travail. A ce jour, environ 10 à 12 programmes MBSR par an sont faits pour le personnel du CHU de Bordeaux, ce qui correspond à environ 650 personnes depuis le début, et ce dans le cadre d’un programme institutionnel de formation avec un soutien fort des instances du CHU.
Des méthodes pour les patients
Ensuite, les programmes de méditation ont été proposés aux patients, d’abord dans le cadre de recherche autour de la maladie de Parkinson (avec le Pr Francois Tison, neurologue et responsable de l’IMIC, enseignant MBSR et MBCL), puis se sont étendus aux patients essentiellement dans le cadre de la douleur chronique (avec le Dr Fairouz Vergnes, médecin anesthésiste, enseignant MBSR et MBCL) et enfin l’épilepsie (le Dr Cécile Marchal, enseignant MBSR).
Développer la méditation au sein de l’IMIC
Mettre des efforts dans la pleine conscience dans un contexte de crise a pour objet de donner les moyens des méthodes face à la complexité et à l’incertitude.
Ce n’est sans doute ni par mode ni par inconsistance que la plupart de universités américaines ont développée des parcours de formation et des recherches autour de la pleine conscience. On parle souvent des Big Five de la côte Est des États-Unis et plus particulièrement de l’université du Massachussets ou de Brown University quand on évoque la pleine conscience. Mais d’autres établissements ont développé leur propre institution aux USA. En Californie, UCLA a créé le MARC (Mindfulness and Awareness Research Center). SDUC à San Diego a une branche de recherche et de formation très active depuis des années.
La vocation de l’IMIC, en ce qui concerne la méditation de pleine conscience, est donc la formation, l’enseignement et la recherche, que ce soit auprès des patients comme du personnel hospitalier. J’interviens avec Euthymia, pour former les praticiens aux méthodes de pleine conscience dans le cadre du programme en 6 semaines, pour accompagner certaines sessions et week-end des Mindful Doctors, ou pour conseiller l’IMIC sur des adaptations des programmes de pleine conscience. Des intervenant tels que le Dr Yasmine Lienard ou Stéphane Offort apportent aussi leur expertise dans le cadre de formations spécifiques.
Les méthodes de management basées sur l’attention (Presencing) me donnent la possibilité de soutenir l’équipe dans ses projets de développement. Je m’appuie sur la Théorie U qui est un modèle de recherche et de prise de décision en milieu complexe élaboré au MIT dans les années 2000 et qui offre une approche de la pleine conscience plus collective tout en diminuant l’impact de certains biais cognitif et des convictions qui filtrent parfois notre rapport au réel. Ainsi, décider et percevoir ensemble devient plus facile, profond et efficace.
L’IMIC, premier institut de ce type en France, même si elle n’est pas focalisée uniquement sur la pleine conscience mais sur les médecines complémentaires, aura sans doute un impact fondateur en France. L’implication des praticiens dans les méthodes de pleine conscience se traduit par un engagement au long cours, certains s’impliquant sur des retraites plus ou moins longues. Beaucoup ont pu témoigner que la qualité de présence avec les patients s’étaient améliorées, notamment dans les services d’accueil de patients dis complexe. Les médecins en particulier exposés au stress comme ceux travaillant aux urgences, ont fait état d’une amélioration de la gestion du stress, pour peu qu’ils et elles se donnent le temps de s’entrainer un minimum aux pratiques basées sur l’attention.
Un parcours de formation à la méditation qui voit loin
Instruire le programme MBSR pour un praticien signifie à terme de pouvoir le proposer aux personnels de santé, ce qui est fait de manière extensive au CHU de Bordeaux.
De plus, d’autres parcours se développent et permettent d’aller plus avant dans l’expérience de la pleine conscience.
En particulier le programme MBCL qui permet de suivre un programme basé sur la compassion et qui est également proposé au CHU de Bordeaux depuis plusieurs années. Un autre programme plus orienté sur le dialogue et la communication, la Pleine Conscience Interpersonnelle (IMP), arrive aussi progressivement en institution.
Des observations sont également conduites pour percevoir les spécificités et similitudes entre la pleine conscience et l’hypnose.
En milieu psychiatrique, les bases sont établies
La pleine conscience en France s’est toujours développée par la psychiatrie. Le programme MBCT était le premier, puis les programmes de compassion n’ont reçu les faveurs du public qu’une fois établi dans la psychiatrie.
Sur cette base, les centres hospitaliers psychiatriques de Bordeaux et ses environs ont fait appel à Euthymia pour développer des méthodes de pleine conscience pour le personnel. Ainsi, trois types de programmes se sont développés.
Le programme MBSR en institution
Le programme MBSR est proposé depuis 2017 au Centre Hospitalier Charles Perrens, ce qui a permis à différent services de se former. La difficulté de se former au programme MBSR en institution est la nécessité de respecter les vacances scolaires rendant parfois le programme un peu long. Toutefois, il m’est apparu important d’offrir cette possibilité au personnel.
Le programme MBSR peut être la porte d’entrée vers des programme de pleine conscience dans le champ thérapeutique comme MBCT, des programmes sur l’addictologie, ou des thérapies cognitives et comportementales de troisième génération comme ACT. A ce titre, j’ai sollicité le Dr Yasmine Lienard, médecin psychiatre et auteure qui a une longue expérience de la méditation dans la santé mentale pour donner plus d’éléments dans ce champs dès l’automne 2022.
Les équipes ont également bénéficié du programme en six séances, ce fut le cas à Charles Perrens et au Centre Hospitalier de Cadillac, permettant d’acquérir les bases de la pleine conscience. C’est un programme apprécié, et il a la spécificité d’attitrer des soignants mais également des employés du secteurs administratif ou paramédical, mettant ainsi en contact dans une seule formation différents corps de métier travaillant dans la même institution.
Enfin, le Centre Hospitalier de Cadillac dans le cadre a conduit un vaste programme de management en 2018 intégrant un programme de l’attention en lien avec le leadership sur 8 séances. Ce programme s’intégrait dans le Groupement de Coopération Sanitaire et rassemblait des soignants mais également de membre du personnel administratifs de différents établissements. Ce programme de pleine conscience et leadership était le premier à s’intégrer dans le milieu hospitalier. Un précédent pour le CHU de Bordeaux.
Introduction des approches collective de l’attention dans le management à l’hôpital
Le CH psychiatrique de Cadillac est au centre d’un dispositif local qui rassemble un certain nombre de relai de soin et d’accompagnement. Afin de donner corps à ces équipes, j’ai eu l’occasion de proposer le programme Pleine conscience et leadership dans un format long. Un programme de huit séances pour acquérir quelques bases de méthodes impliquant l’attention dans le management. Évoluant souvent dans des milieux incertains, les équipes sont parfois confrontées à des problèmes de communications, de coordination et de management. Si la pleine conscience ne saurait être la réponse unique à toutes ces problématiques, elle peut aider à mieux vivre les injonctions, parfois paradoxales, des différents organismes de tutelle, les mise en place longue de décisions parfois simples, et l’essoufflement des équipes et des motivations.
Depuis 2019, le CHU de Bordeaux a également décidé d’intégrer ce programme dans une version plus courte. Les retours sont excellents, bien que le COVID ait ralenti le déploiement de ce programme. L’amélioration de l’écoute, la facilitation des prises de décision, la capacité de diminuer les réactions, de discerner ce qui important de ce qui est urgent donne la possibilité aux responsables de retrouver du sens et des ressources. Dans ce contexte trois sessions sont proposés sur l’année 2022.
La pédagogie s’appuie sur les méthodes collectives de l’attention auxquelles je me suis formé depuis 2012 et que j’ai eu l’occasion de dispenser dans des groupes comme AXA, COVEA dans les années 2010. Cette méthode qui s’appuie sur des recherches du MIT, donne la possibilité à une équipe et aux individus d’envisager l’incertitude avec plus d’outils et de possibilités.
Une expérience universitaire
Durant plusieurs années, j’ai eu l’occasion d’intervenir dans le cadre du diplôme universitaire organisé par la faculté de médecine de Toulouse. L’université de psychologie de Bordeaux a également proposé à ses étudiants de master clinique des séances de sensibilisation à la pleine conscience. Ces deux expériences montrent comment la pleine conscience a évolué depuis 2010 dans le milieu universitaire. Il existe aujourd’hui plus de quatre DU portant sur la pleine conscience. La pleine conscience est enseignées dans des modules ou des ateliers dans plusieurs universités.
La France a été le dernier pays d’Europe à être sensibilisé aux approches de la pleine conscience. Puis elle a été parmi les derniers pays d’Europe à se pourvoir d’une association d’instructeurs de pleine conscience indépendantes des centres de formation (l’AFEM). Pourtant, les programmes de pleine conscience se développent rapidement dans le milieu hospitalier. Je suis très heureux d’en avoir été à la fois le témoin et l’acteur. Voir comment des personnes en souffrance ont pu habilement tirer parti de ces méthodes pour retrouver du goût et du sens à leur vie m’a profondément enrichi.
Aujourd’hui je suis moins en contact avec les patients. Euthymia forme les soignants pour eux-mêmes et pour instruire les programmes basés sur la pleine conscience. L’emballement médiatique se tarie un peu, la mode aussi. Cela laisse la place à un travail de fond, les personnes viennent moins par effet de mode mais plus en connaissance de cause. D’autres approches suivent les méthodes de pleine conscience : les pratiques de compassion, de communication ou de leadership, les programme à visée thérapeutiques sont autant de déploiement qui viennent enrichir les programmes de base. L’IMIC à Bordeaux est un institut unique en France pour l’instant, mais d’autres centres hospitaliers suivent ce parcours.