Cycle Arété: Méditation, pleine conscience et traditions contemplatives

Souvent traduit par “vertu”, le terme grec ancien d’arété (ἀρετή) renvoie à “l’excellence”, à la réalisation du plein potentiel dans n’importe quel domaine, à commencer par l’éthique. Liée à l’équilibre entre le beau, l’agréable et l’utile, son étymologie évoque une “adaptation parfaite” (à telle situation, mission, etc.). Au-delà d’une soif individuelle de perfection, l’arété  est inséparable d’un idéal socio-politique  enraciné dans la culture  antique. Elle évoque l’interdépendance de l’accomplissement personnel et collectif propre aux grandes traditions de l’humanité, entre vie active et vie contemplative. C’est ce nom que nous avons choisi pour nous guider dans le nouveau programme que nous vous proposons: le cycle “arété” constitué de plusieurs programmes en ligne de 5 x 2h30. Son intention ? Explorer les fondements et les fruits potentiels de la pleine conscience à partir des apports des grandes traditions contemplatives, qu’elles soient confessionnelles ou non.

La dénomination de « pleine conscience » désigne un ensemble de méthodes basées sur l’attention, inspirées par deux soutras du Canon pâli, l’un sur les quatre placements de l’attention et l’autre sur l’attention au souffle en particulier. L’un des enseignants bouddhistes les plus célèbres, Thich Nhat Hahn, a été l’un des premiers à la faire connaître en Occident, et à y diffuser la pratique de la pleine conscience. A partir des années 70, le médecin Jon Kabat-Zinn y a ajouté des éléments issus de la psychologie ou du yoga  pour développer le programme MBSR. Sur cette base s’est déployé par la suite le vaste mouvement occidental de « la pleine conscience » ou « pleine présence », mindfulness en anglais.

Dès l’origine du programme MBSR, ses fondateurs ont souhaité s’appuyer sur une démarche universaliste et scientifique. Peu à peu, la dimension non confessionnelle (souvent qualifiée de “laïque”) et la validation scientifique ont pris le pas sur les fondations contemplatives du programme. Cela a permis sa meilleure diffusion et l’élaboration d’interventions non médicamenteuses dans le domaine médical ou de méthodes d’entraînement de l’attention pour le grand public.

 En s’éloignant du socle des traditions contemplatives, cependant, les interventions basées sur la pleine conscience risquent de se vider peu à peu de leur substance. Soit en s’édulcorant dans une approche parfois trop superficielle ou mécanique, formatée pour satisfaire les réquisits des processus d’évaluation; soit en se diluant dans la grande mouvance du développement personnel et du mieux-être. Ce qui ne semble pas correspondre aux besoins et aux demandes de nombre de nos contemporains, notamment celles et ceux qui ont déjà acquis les bases de ces pratiques d’attention.

En effet, beaucoup cherchent… autre chose. Du sens, peut-être ? Beaucoup ne se retrouvent pas dans les propositions consuméristes dominantes et perçoivent des enjeux auxquels ni les religions, ni les idéologies ne répondent à ce jour de manière adéquate. D’où une forme d’insatisfaction voire d’errance existentielle, et même spirituelle. Laquelle débouche souvent sur des “bricolages” pragmatiques mais approximatifs, et parfois sur des réactions de découragement ou de repli, individualiste ou identitaire. En fin de compte, peu se tournent vers des traditions contemplatives. 

Chez Euthymia, notre expérience de la diffusion de la pleine conscience – avec, en parallèle, notre pratique du bouddhisme – a mis en évidence un intérêt et une curiosité croissants pour ces traditions contemplatives. Nous savons qu’elles peuvent nourrir l’engagement que certain.e.s ont dans une méditation dite « laïque » depuis parfois plus de dix ans. De même, le fait que des personnes mobilisent dix jours de leur temps pour telle retraite de méditation nous montre également qu’ici, au moins pour certains, la quête de bien-être cède le pas à une quête plus profonde. On ne s’engage pas dans un tel parcours juste pour se sentir bien…

En proposant un cadre connu et fondé sur l’expérience de la pleine conscience, chacun.e part du même endroit, avec un référentiel commun : la pleine conscience. Cette base est une clé pour mettre le pied dans une tradition contemplative. Pour faciliter cette découverte, Euthymia propose aux personnes accompagnées des intervenants de qualités, eux-mêmes engagés dans ces traditions contemplatives et parlant d’expérience. A celles et ceux qui désirent approfondir leur pratique méditative au-delà d’une simple amélioration de la qualité de vie ou du soin, nous souhaitons ainsi apporter les éléments pertinents pour ce faire. De quoi structurer leur démarche et les aider à construire par eux-mêmes leur propre quête de sens, à partir de ressources fiables. Et si certains participants veulent aller encore plus loin dans l’exploration de ces traditions, nos intervenants seront capables de les orienter vers d’autres lieux, d’autres enseignants qualifiés. Pour les autres, ces premières approches des traditions contemplatives via le médium de la pleine conscience seront un viatique leur permettant d’avancer par eux-mêmes sur le chemin qu’ils se choisissent.

Depuis sa fondation, Euthymia est soucieuse de l’authenticité des traditions contemplatives dont sont issus les programmes de pleine conscience comme de l’impact bénéfique de celle-ci sur la société. Cependant, pour satisfaire aux exigences de notre société face à cette démarche récente, notre priorité a été jusqu’ici de développer des relations avec les mondes de la recherche et de la santé, l’aspect contemplatif passant de ce fait au second plan. Désormais, nous pouvons mieux articuler ces deux dimensions, en nous inscrivant dans la démarche des neurosciences contemplatives, initiée il y a plus de trente ans par le chercheur franco-argentin Francisco Varela et les jeunes chercheurs de l’époque qui l’ont suivi, tels Antoine Lutz ou Claire Petitmengin. Sans renoncer à notre ancrage scientifique et pragmatique, cela nous permet d’assumer plus simplement notre ancrage dans la tradition bouddhique, tout en nous ouvrant à d’autres traditions contemplatives susceptibles d’inspirer de nombreuses personnes.

Concrètement, nous proposons donc d’explorer ensemble différentes traditions contemplatives lors de programmes en ligne de 5 x 2h. Nourris par les programmes de pleine conscience, ces différents cycles allient apports théoriques sur différentes traditions, en commençant par la philosophie antique et le bouddhisme, à des méditations guidées issues de ces traditions ou un silence contemplatif, et des discussions en petits groupes basées sur le dialogue conscient. Avec l’intention de grandir personnellement et collectivement, en réconciliant pensée discursive, contemplation et éthique au quotidien.

Le premier de ces cycles se déroulera sur les mois d’avril et mai et sera présenté par Eric Vinson. Docteur en philosophie politique et membre du laboratoire GSRL (CNRS-EPHE), Eric dirige l’Institut d’Etudes Bouddhiques (IEB, Paris) et enseigne aux Universités catholique de Lyon (introduction au bouddhisme) et de Lille (religiologie). Formateur et consultant spécialisé sur le religieux, les spiritualités et laïcités, il a notamment co-dirigé Le spirituel, un concept opératoire en sciences humaines et sociales (PUL, 2022). Lors de la séance introductive du cycle, le samedi 6 avril, et pendant les cinq séances de ce programme, Eric nous proposera ainsi de “cheminer spirituellement entre pleine attention et philosophie (antique)”. Vous pouvez cliquer ici pour vous inscrire au programme en formation professionnelle, ou ici si vous le suivez uniquement à titre personnel. En ce qui concerne la séance du 6 avril, nous souhaitons proposer un accès gratuite à tous sur inscription. Pour vous inscrire, merci de remplir ce formulaire!

 

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