2017 a été pour moi une année mémorable. Commencée dans l’enthousiasme et l’énergie de la découverte de la formation pour devenir facilitatrice du programme MBSR grâce à Euthymia et l’IMA et à son équipe d’enseignants hors pair, elle s’est terminée dans le chaos, l’incertitude et le désespoir, du fait d’évènements familiaux qui ont réduit à néant les représentations que je me faisais de moi-même et de ma vie de femme, d’épouse, de mère et de médecin.

C’est alors que j’ai commencé à m’intéresser à la pratique de la compassion, en découvrant le premier livre d’Erik van den Brink et Frits Koster sur le programme MBCL. Avec le recul d’aujourd’hui, je suis convaincue que c’est l’état d’extrême vulnérabilité dans lequel je me trouvais qui m’a poussée vers ce chemin. Le livre reposait dans ma bibliothèque depuis presque un an sans que j’y aie touché. Puis un jour, du fond d’un état de dépression profonde, je me suis retrouvée à le lire.

La rencontre avec la compassion fut très forte. Chaque mot était comme un baume pour mes nombreuses blessures. Tous les aspects d’autocritique sévère, de sentiments de honte et de déconsidération de soi-même abordés dans le livre résonnaient en moi, profondément. Il y avait tant à faire, sur le chemin de la guérison des blessures intimes et des schémas hérités de l’enfance que, même aujourd’hui, quatre ans après, il ne se passe pas un jour sans que je découvre un nouvel aspect de ma personnalité qu’il s’agit d’accueillir avec sollicitude et respect, au lieu de la sévérité habituelle.

J’ai ainsi pu, très progressivement, comprendre, cultiver et laisser jaillir du plus profond de mon être cette joie innée en chacun de nous, qui ne demande qu’à s’exprimer, une fois apaisées les émotions fortes de peur, de chagrin et de colère qui l’obscurcissent. Entrer en amitié avec soi-même est un travail de tous les jours, qui demande patience et persévérance. Il y a des hauts et des bas, des moments de joie intense et d’autres de découragement profond. Mais, en gardant à l’esprit un fil conducteur, à savoir que tout dans la vie, absolument tout, peut être accueilli comme une opportunité de pratiquer pleine conscience et compassion, même et surtout dans les moments les plus sombres. Ainsi, peu à peu, une sorte de sérénité ou d’équanimité s’installe, conférant force, douceur et confiance dans le processus.

C’est ce que la pratique de la compassion et de l’autocompassion à travers le programme MBCL m’a apporté. Je partage maintenant avec une joie profonde ce que j’ai appris avec tous ceux qui sont en quête d’apaisement et de clarté, ceux qui désirent entrer en amitié avec eux-mêmes, avec les autres et avec la vie elle-même. Grâce à l’accompagnement chaleureux, généreux et cordial de Frits et d’Erik, devenus des amis chers en plus d’être des guides, j’ai pu traduire le livre MBCL en français, et contribuer à la mise en place et la diffusion de ce programme en France.

L’aventure n’en est qu’à ses débuts, un peu freinée par la crise sanitaire actuelle, mais du fond de mon cœur, je suis persuadée que le développement de la compassion dans la société d’aujourd’hui n’est pas un luxe. Au contraire, c’est une nécessité qui parle à l’intelligence intuitive de chacun, comme étant la seule manière viable de vivre en société et avec soi-même.

Dr. Fairouz El-Hammar Vergnes, septembre 2021

(voir aussi ici pour d’autres infos sur la parution du Défi de la pleine conscience: vivre avec Coeur aux éditions De Boeck Supérieur)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *