Écrit par Stéphane Offort, 17.10.2025
Marcher dans la rue, ne plus vraiment savoir dans quel pays, quelle ville vous êtes et ne voir que les gens, les personnes, les êtres humains avec leur joie, leurs peines, leurs émotions, leurs vies.
Ces deux derniers mois, j’ai voyagé à travers l’Europe : 7 pays, 17 événements, des milliers de rencontres.
J’ai eu le privilège d’accompagner un des maîtres de méditation de notre lignée pendant sa tournée en Europe cet été, une expérience que j’ai déjà vécue en 2016, 2017 et 2024. Ce tour n’est pas un voyage organisé, mais des journées extrêmement pleines, sans pause, changeant constamment de lieu, de ville, de pays. Beaucoup de choses à prévoir, organiser, à faire. Des milliers de personnes sont venues participer aux enseignements et aux méditations. De grands moments de partage et de rencontres.
Après quelques jours à ce rythme, un phénomène fascinant se met en place : je ne sais plus vraiment où je suis, dans quel pays, quelle ville, quelle langue.
Bien sûr, en regardant les plaques d’immatriculation, les panneaux d’affichage, ça revient. Mais là, maintenant, dans cet instant… je ne sais plus.
Je regarde les rues, les voitures, les gens.
Les gens, les visages, les mouvements, ce que les corps disent, parlent, parfois un murmure, certains à haute voix, un cri.
Les regards, les mots, des visages.
Les émotions légères ou fortes qui s’expriment, nos états d’âme se manifestent, et ce que je perçois, c’est l’être humain.
Que je sois en France, au Danemark, en Hongrie, en Espagne, en Allemagne, en Pologne ou en Grèce, les mélodies sont en harmonie avec la vie intérieure, et ce qui reste, l’essence, le substrat, c’est l’être humain et notre besoin d’être apprécié, reconnu, aimé, d’être en connexion.
Dans la tradition bouddhiste que je suis, il y a deux points d’une importance cruciale : la sagesse et la compassion. C’est ce qui est appelé le “grand véhicule”, le Mahayana. La sagesse sans compassion peut mener à l’orgueil, à une approche froide, un détachement sans valeur. La compassion sans sagesse va mener à l’épuisement émotionnel, à confondre empathie et compassion, à se jeter dans la tempête de l’autre et se noyer ensemble.
Toucher notre humanité, quel que soit notre pays, notre culture, notre histoire personnelle, c’est toucher ce qu’il y a de plus fondamental en chacun d’entre nous. Nous souhaitons tous le bonheur, fuir la souffrance, trouver une aisance, une paix qui nous permette de traverser les tempêtes de la vie sans perdre notre dignité, notre être, nos valeurs, nos connexions. L’être humain, dans son évolution, est un être social. Nous vivons au travers de nos connexions et ces connexions forment qui nous sommes et elles se forment à partir de qui nous sommes. Une sorte de biodiversité interdépendante. Et au cœur même de cette dynamique, il y a notre recherche du bonheur.
Une autre perception que j’ai eue dans ce périple, c’est à quel point nous ne nous aimons pas. Nous voulons être autrement, autre chose, quelqu’un d’autre, différent. Une quête basée sur nos connexions passées, présentes, notre interprétation de la vie, de nous-mêmes, une interprétation de ce que le “monde nous renvoie”.
Pleine conscience et compassion
Nous connaissons grâce à la masse d’études scientifiques qui ont été menées les bienfaits des pratiques de pleine conscience pour notre bien-être émotionnel, notre gestion du stress, des réactions au stress, à la douleur et dans beaucoup d’autres domaines. Ces pratiques peuvent véritablement nous permettre de trouver de la paix ou en tout cas d’être comme la quille de notre navire pour garder le cap et ne pas chavirer ou dériver sans fin.
D’autres études mises en place depuis quelques années montrent qu’un élément important peut enrichir et donner plus de profondeur aux effets de la pleine conscience: la compassion.
La compassion, qu’elle soit tournée vers nous-mêmes ou vers les autres, apporte une profondeur et un effet plus durable aux pratiques de pleine conscience. On peut faire un parallèle entre la voie du Mahayana réunissant sagesse et compassion et les programmes développant la pleine conscience et la compassion.
Vous trouverez en bas de cet article des études (en anglais) montrant le bienfait des pratiques de compassion. Des programmes alliant auto-compassion et pleine conscience se sont développés sur la base de ces études. Certains sont basés sur une approche venant des thérapies comportementales et cognitives (MBCL et MSC notamment), d’autres d’avantage sur l’expérience où la pleine conscience en elle-même permet de trouver et de laisser se déployer les qualités. C’est le cas du programme Compassion Cultivating Training (CCT) et, chez Euthymia, du programme en 5 semaines des Richesses Intérieures.
Euthymia propose cet automne deux programmes alliant pleine conscience, compassion et auto-compassion: le programme MBCL qui se déroule sur 8 x 2h30, et celui des Richesses Intérieures, qui dure 5 x 2h. Deux approches pour retrouver cette qualité fondamentale qui nourrit profondément notre besoin vital de connexion à nous-mêmes, aux autres et au monde.
Combien de fois, en marchant dans ces rues, j’ai eu envie d’accoster une personne inconnue et lui dire qu’elle était la personne la plus précieuse pour elle-même et pour nous tous. Pouvoir redonner la possibilité de redécouvrir cette qualité essentielle de compassion envers nous-mêmes est primordial pour que nous puissions créer les connexions et notre manifestation dans le monde.
Le monde a besoin que nous soyons stables dans nos valeurs et à même, comme un capitaine aguerri, de mener notre navire aussi bien dans la tempête que dans les eaux calmes avec la même présence et un léger sourire dans les yeux.
Pour ma part, je présenterai le programme “Richesses Intérieures” les lundis matins, du 10/11 au 08/12 en ligne. Ce programme basé sur les pratiques attentionnelles de la pleine conscience va nous permettre de nous reconnecter aux richesses naturelles que nous avons, les richesses du vivant, et à partir de ces ressources toujours accessibles, aller à la rencontre de nous-mêmes en laissant surgir une auto-compassion naturelle qui pourra ensuite irradier en compassion.
Stéphane Faure de son côté enseigne, également en ligne les lundis soir, le programme MBCL les lundis soirs à partir du 27 octobre.
Deux occasions pour aller plus loin dans la pleine conscience et découvrir en nous-même le bijou de la bienveillance qui rehausse le joyau de la pleine conscience.
En conclusion, j’aimerais vous inviter à marcher dans les rues, en oubliant où vous êtes, dans quel pays, quelle culture, quelle ville et à regarder les autres, écouter leur voix intérieure, résonner avec leur démarche, leurs expressions, leur être. Vous y trouverez des reflets de vous-même, des reflets de notre appartenance à l’humanité dans ce qu’elle a de fragile, et qui fait sa force.
Articles en anglais montrant l’impact des pratiques de compassion basées sur la pleine conscience
- Effect of a Compassion Cultivation Training Program for Caregivers of People With Mental Illness in Denmark: A Randomized Clinical Trial | Psychiatry and Behavioral Health | JAMA Network Open | JAMA Network
- Investigating Moderators of Compassion Meditation Training in a Community Sample | Mindfulness
- A wandering mind is a less caring mind: Daily experience sampling during compassion meditation training: The Journal of Positive Psychology: Vol 11, No 1
- Pilot study of a compassion meditation intervention in chronic pain | Journal of Compassionate Health Care | Full Text
- A compassion-based program to reduce psychological distress in medical students: A pilot randomized clinical trial | PLOS One
D’autres ressources
Pleine conscience et compassion font bon ménage et sont au coeur de l’être humain, comme le montre ce documentaire sur Arte, Vers un monde altruiste (inspiré du livre de Mathieu Ricard, Vers une société altruiste).
C’est aussi le thème d’un livre fascinant, Humanité: une histoire optimiste de Rutger Bregman, allant à contre-courant de notre croyance que « l’homme est un loup pour l’homme » et montre qu’au contraire, il y a dans le coeur humain une grande richesse, que l’on peut cultiver au quotidien et faire rayonner.


